Babylon 5

Lorsque J. Michael Straczynski créé Babylon 5 (série TV), il a évidemment en tête Star Trek (série TV). On peut relever nombre de points communs. Le genre d'abord, la science fiction. Le principe ensuite : des aventures centrées sur des problèmes que rencontre une équipe humaine face à des extra-terrestres. Cette équipe est également composée de la même manière, à savoir d'un commandant, de son second et d'un médecin.
Seulement, Babylon 5 (série TV) a réussi à moderniser le genre et à devenir une épopée, ce que n'a jamais réussi à faire Star Trek (série TV). La raison en est simple : Babylon 5 (série TV) est une série feuilletonante, s'étalant sur 5 saisons. D'épisode en épisode, nous avançons avec nos quatre personnages principaux (Shéridan, Ivanova, Doc Franklin et Garibaldi) dans la découverte certes de races extraterrestres (un peu comme Star Trek), mais surtout nous entrons dans l'Histoire, avec ses démêlés politiques, ses guerres, ses péripéties.
La force de Babylon 5 (série TV) est là. Dans une histoire qui s'inscrit sur 5 années et qui possède une très forte cohérence, une tension qui jamais ne décroît et qui offre une mythologie qui lui est propre et passionnante. Cette histoire est également relayée par des personnages parfaitement campés. Le personnage principal, Sheridan, rappelle Kirk de Star Trek a plusieurs égards : fin stratège, génial dans les situations de crise, mais coulant dans la vie quotidienne. Il possède également le même humour foireux. Son second, une seconde en l'occurrence, Ivanova, est un parfait faire-valoir qui va prendre sa place et son importance au cours des saisons. C'est un joli personnage qui évolue bien au fil des ans et qui porte sur lui une charge (passé, situation) qui la rend touchante. Garibaldi, le chef de la sécurité, est également passionnant. Clone de Bruce Willis, c'est un franc tireur paranoïaque et donc parfait dans son boulot. On le sent sur la corde raide tout le temps, comme si son boulot est la seule chose qui l'empêche de sombrer dans la dépression ou la folie.
Mais paradoxalement le personnage le plus passionnant ne fait pas partie de l'équipage. Il s'agit du méchant de l'histoire : Londo. Personnage très complexe, réellement passionnant dans ses facettes et merveilleusement interprété.
La série date des années 90 et si sa "vision du monde" n'a pas pris une ride, en étant toujours aussi juste sur ses descriptions politiques ; seuls certains aspects visuels ont pris un réel coup de vieux. Un coup de vieux qu'elle avait déjà, il faut l'avouer, lors de sa première diffusion. Toutes les scènes hors de la station, les scènes dans l'espace et de combat notamment, sont tournés en 3D. Le procédé était totalement novateur pour l'époque et du coup très vite dépassé. On sent l'artificialité de l'image, les mouvements trop propres de la caméra, et le travail sur les ombres trop peu abouti.
Les stock-shots qui ponctuent les scènes sont eux aussi un peu trop réducteurs, et ce procédé est fort heureusement aujourd'hui dépassé.
Mais attention, ces défauts n'empêchent en rien de dire que Babylon 5 (série TV) est une série passionnante, une des plus grandes de l'histoire de la télévision, et cela pour la simple raison que l'intérêt de la série ne repose pas sur les effets speciaux, mais sur l'histoire. Rien que cela, c'est un signe de réussite.





J'adore Londo et G'Kar







Londo :




G'Kar rahh skil est magnifique !!

1ère saison : SYMBOLES ET PRESAGES

« C'était l'aube du troisième âge de l'humanité, 10 ans après la guerre entre les terriens et les minbaris. Le projet Babylon était un rêve qui s'était concrétisé. L'objectif était d'évité une autre guerre en créant un lieu où humains et extraterrestres cohabiteraient dans le respect de leur différence. C'était une escale, une seconde maison pour tous, diplomates, affairistes, innovateurs et vagabonds. Des humains et des extraterrestres dans une coque de métal de 2 500 000 tonnes, tournoyant seule au cœur des ténèbres. Cet endroit pouvait être dangereux, mais c'etait notre ultime espoir de paix. Voici l'histoire de la dernière station de type Babylon. Nous sommes en 2258, cette station s'appelle Babylon 5 » (Commandant Jeffrey Sinclair)

Babylon 5 est enfin pleinement opérationnelle. Afin de protéger son territoire, la station s'est dotée de chasseurs de combats (les Starfury) et suite à la tentative d'assassinat sur Kosh, l'équipe de commandement a changé. Le docteur Kyle a cédé sa place au jeune Steven Franklin et le lieutenant-commandant Ivanova est mutée second de Sinclair en remplacement de Laurel Takashima. Ils ne sont pas les seuls nouveaux dans la station. Le candide Lennier vient aider Delenn tout comme Vir Cotto et Na'Toth viennent au service de Londo et G'Kar. Perturbée par son scan mentale sur l'ambassadeur Kosh, Lyta Alexander a été rappelée et le Corps Psy a envoyé une nouvelle télépathe : Talia Winters. Enfin la Ligue des mondes non alignés (chambre représentante des peuples les moins influents) apporte sa voix au conseil consultatif de Baylon 5. La station a donc tout pour remplir sa mission de paix. Pourtant des signes, annonciateurs de grands changements, se font de plus en plus fréquents. Certains les attendent, d'autres vont les découvrir, tous vont les vivre. La haine entre les Narns et les Centauris est de plus en plus forte, le rythme de travail et la vétusté des équipements mécontentent les dockers de B5 qui envisagent la grève. Chose impensable pour la Terre qui doit régler les problèmes de l'indépendance de Mars et la montée de mouvements extrémistes anti-aliens. Noyé dans tous ces évènements, arrive un homme mystérieux, désireux de connaître la réponse des ambassadeurs à une simple question : « Que voulez-vous ? ».

Ainsi commence la 1ère saison. L'introduction de Sinclair place immédiatement le rôle diplomatique de Babylon 5 dans une galaxie en ébullition. La saison est à l'image de son générique, calme et introductif et n'était le travail d'écriture sur les personnages ainsi que le désir de situer temporellement l'action par des événements apparemment anodins (élections, scandales politiques, mouvement social, traités diplomatiques), chaque épisode pourrait se regarder dans le désordre, au moins jusqu'à mi-saison. D'ailleurs ils épousent quasiment une même structure de narration. Une histoire principale mettant en scène l'équipe de commandement et une seconde se portant plus vers les ambassadeurs ou un de leur adjoints. Jusqu'à l'épisode Symboles & Présages, B5 peut donc sembler répétitif bien que recelant de bons (voire très bons) épisodes. Pourtant on ne peut négliger la qualité de cette saison, c'est dans ces 22 épisodes que la série se forge une base puissante pour la suite. Symboles & Présages est la fondation de la mythologie de Babylon 5, oubliées les erreurs de jeunesse du pilote, les SFX lisses, les erreurs de design, la musique rock. Les épisodes complets (Héritages, La grève des dockers, Guerre mentale, Une faute habilement rachetée) ont tous leurs lots de petites phrases anodines, de scènes clés qui font avancer l'intrigue au même titre que les épisodes importants (Babylon 4, Souvenirs mystérieux, Une voix dans l'espace, Chrysalide) et ce n'est qu'à l'occasion d'une seconde vision, en connaissant tout ce qui va suivre, que l'on se rend compte que l'atmosphère de la série (cette espèce d'impression qu'une étincelle mettrait le feu aux poudres) se met en place rapidement, profondément et surtout subtilement. Ce qui frappe d'emblée, c'est le charisme des personnages ainsi que leur ambiguïté. Le manichéisme n'existe pas, tous sont gris. Un personnage doux comme Delenn peut apparaître manipulatrice et dure et un opportuniste comme Londo peut se révéler généreux. « Chacun de nous n'est pas tout à fait ce qu'il paraît être» nous apprend G'Kar. Voilà le leitmotiv qui parcourt cette saison. Tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir. Ce qui peut se révéler bénéfique apporte en fait de graves problèmes. C'est avec cette optique que JMS aborde des sujets sensibles, comme la religion, la mort, le social, la tolérance, proposant des épisodes très cruels ou ironiques dans leur dénouement (Les Elus, La Brute). Il ne faut pas non plus croire que la série n'est que noirceur. L'humour est présent. Le choc des cultures (Delenn découvrant les cartoons, Lennier la moto) et les prise de bec (Londo et G'Kar nous offrent des numéros irrésistibles et pourtant tous deux sont d'accord sur une chose, les femmes) rendent cet univers encore plus crédible. Symboles et présages est l'introduction du roman télévisuel qu'est Babylon 5. Finalement le rôle de cette saison est de nous familiariser avec les personnages, leurs liens et leurs mondes afin de mieux nous faire vivre l'histoire qui s'annonce. Un background riche et des personnages développés sont une des clés pour l'implication émotionnelle du spectateur. JMS s'est octroyé 22 épisodes afin de répondre à cette règle, ses efforts porteront ses fruits dans ce qui va suivre.

« Rien ne sera plus comme avant »
(Commandant Jeffrey David Sinclair)

2ème saison : LA VENUE DES OMBRES

« Le projet Babylon était notre dernier espoir de paix. Un monde indépendant de 8 kilomètres de long, situé en territoire neutre. Un lieu de commerce et de diplomatie pour un quart de millions d'humains et d'extraterrestres. Un joyau étincelant dans l'espace, seul dans la nuit. C'était l'aube du troisième age de l'humanité, l'année où la grande guerre nous a frappé. Ceci est l'histoire de la dernière station de type Babylon. Nous sommes en 2259, cette station s'appelle Babylon 5 » (Capitaine John Sheridan)


Une semaine après la mort du président Santiago, de la nomination de Clark et de l'agression de la colonie Narn. Sur le vaisseau terrien Agamnenon, le capitaine John Sheridan reçoit l'ordre de se rendre sur Babylon 5 afin de trouver un vaisseau rebelle Minbarri. La station est toujours en effervescence, Garibaldi est entre la vie et la mort, Delenn subit une métamorphose et Sinclair a été rappelé sur Terre. Ivanova dirige tant bien que mal la station mais se retrouve débordée, le général Hague lui apprend alors que le commandant Sinclair est muté sur Minbar où il deviendra le premier ambassadeur terrien, c'est le capitaine Sheridan qui le remplacera. Situation épineuse : en effet, vétéran de la guerre contre les Minbarris, Sheridan est connu pour être le seul homme à avoir gagné un combat contre eux en détruisant le Black Star, l'un de leurs plus grands bâtiments de guerre. Surnommé le Tueur d'étoile, la présence de Sheridan risque de bouleversé l'équilibre diplomatique de la station. Pourtant il était le premier choix du président Santiago en cas de départ de Sinclair, seul Hague sait pourquoi. Soldat avant d'être diplomate (donc tout le contraire de son prédécesseur), il va devoir apprendre son nouveau rôle dans un climat plus que tendu entre l'arrivée clandestine de télépathes fugitifs et le retour sur la station de G'Kar qui annonce qu'une ancienne puissance refait surface, prête à tous les détruire. Elle rassemble ses forces aux frontières de la galaxie et attend le moment opportun pour attaquer selon lui. Il ne se doute pas que celle-ci commence déjà à avancer ses pions par l'entremise de Londo Mollari, ni que la venue de l'Empereur des Centauris sur Babylon 5 sera le déclencheur de la grande guerre.


La venue des Ombres est une saison bâtarde. Elle maintient un équilibre entre le prologue qu'est Symboles et Présages et le développement que sera Point de non-retour. Elle a encore un rôle introductif qu'elle abandonnera vite pour véritablement se lancer dans l'aventure. Là encore le générique nous donne le ton. Le monologue de Sheridan ressemble à celui de Sinclair mais on se rend compte rapidement que l'ambiance sera plus noire et agressive. Les teintes tendent vers le rouge, la voix est plus dure et annonce l'arrivée de la guerre. La seconde saison joue sur ces deux tableaux, tout tourne autour de l'épisode chapitre La venue des Ombres. Comme l'a annoncé Sinclair dans le final de la première saison «Rien ne sera plus comme avant ! » et, contrairement à beaucoup d'autres séries, il n'y a pas de retour en arrière. Pourtant le début de la seconde saison peut sembler une redite. Après les premiers épisodes qui apportent leurs lots de changements (arrivée d'un nouveau commandant, transformation de Delenn, basculement de Londo vers le coté obscur, nouveaux président pour l'Alliance terrienne, début de révélation d'une ancienne race alien), l'histoire semble stagner. On assiste à quelques épisodes moyens, principalement centrés sur les télépathes et les personnages de Talia Winters et Bester (remarquable Walter Koening à cents lieux de son rôle dans Star Trek) mais qui, en fin de compte, n'apportent pas grand chose à l'histoire, à part un approfondissement de l'univers et des personnages dont les prémices du couple Sheridan/Delenn. Arrive alors La Venue des Ombres et tout bascule. Hugo Award pour son scénario magnifique qui transforme la (très) bonne série en un pilier télévisuelle, JMS redéfinit en un épisode toute sa série et nous comprenons avec émerveillement que tout ce que nous avons vu précédemment avait pour but d'arriver à ce moment d'une ironie cruelle. La guerre entre les Narns et les Centauris découlant d'un tragique concours de circonstances alimenté par la haine entre ces deux peuples qui va faire basculer la galaxie dans le chaos.


Ce qui suit La venue des Ombres est donc le développement du roman télévisuel Babylon 5, le moment où toutes les intrigues, tous les antagonismes, tous les mystères vont prendre leur ampleur, où les épisodes deviennent plus durs et montrent sans détours les horreurs de la guerre et du fanatisme religieux (Les trouffions, Le châtiment divin, L'armée de lumière) et également le moment où la série passe de l'univers de Roddenbery à celui de Tolkien. C'est par le personnage de Sheridan que la série bascule vers l'héroïc-fantasy. Dans Seul dans la nuit, on découvre la véritable raison de sa mutation sur Babylon 5 (créer un front de résistance au président Clark) et l'intérêt que Kosh lui porte, intérêt confirmé dans La traque où il devient son élève tout en commencant à s'opposer secrètement avec l'aide d'Ivanova, Garibaldi et Franklin au gouvernement terrien. « Vous serez prêt à combattre les légendes » lui dit alors Kosh, c'est dans l'épisode Dans l'ombre de Z'Ha'Dum qu'on nous révèle tout sur ces légendes, les Ombres, et que, définitivement, la série s'installe dans un contexte d'héroïc-fantasy. Parallèlement à cela apparaît la garde de nuit département sous l'autorité du ministère de la paix du gouvernement Clark, une milice composée de volontaires facilement identifiables par leurs brassards noirs et dont le but est de maintenir l'ordre et prévenir les conflits. Intentions louables mais les chemises noires aussi paraissaient honnêtes à leurs débuts. Lutte entre le bien et le mal et montée du fascisme au sein de la démocratie terrienne sont les deux axes qui apparaissent à la fin de La venue des Ombres et qui vont désormais s'entrecroiser dans Point de non-retour.

3ème SAISON : POINT DE NON-RETOUR

« Le projet Babylon était notre dernier espoir de paix. Il échoua... A l'approche de la guerre contre les ombres il devint un projet plus ambitieux, notre dernier espoir de victoire. Nous sommes en 2260 sur la station Babylon 5. » (Commandant Susan Ivanova)

Les Narns sont tombés vaincus par les Centauris qui profitent de leur alliance avec les Ombres pour déclencher plusieurs conflits mineurs aux frontières de leurs espaces, forçant ainsi les peuples de la ligue des mondes non-alignés à s’unir aux Ombres pour faire face aux Centauris. Les Minbarris ne semblent faire aucun mouvement, eux qui pourtant attendent le retour des Ombres depuis 1000 ans tel que l'a prophétisé Valen, le fondateur du conseil gris. La Terre sombre dans un état de répression, la Garde de nuit se faisant de plus en plus influente, et il semble que l’Alliance terrienne en connaisse beaucoup plus sur les Ombres qu’elle ne veuille le faire croire. 2260 est l’année du chaos et Babylon 5 est le dernier bastion contre la montée des ténèbres. Sur la station s’organise un front de résistance autour de Sheridan, Ivanova, Garibaldi, Delenn, Franklin, Lennier et Marcus, soutenu par les Rangers, force d’élite armée composée d’humains et de minbarris et appuyée par l’Etoile céleste, un croiseur de combat hybride Minbarris/Vorlons. Cette armée de lumière va donc faire face aux Ombres, mais un événement va tout remettre en cause pour Sheridan. La promulgation de la loi martiale et le début de la guerre civile terrienne va le forcer à prendre une décision qui changera le destin de la station.

Arthur avait Excalibur et ses chevaliers de la Table Ronde, Muad’Dib ses Freemens, Aragorn détenait Andùril. Sheridan a donc l’Etoile Céleste comme épée, et les rangers comme armée pour faire face aux deux grands conflits de la série : la guerre contre les Ombres, qui arrive assez tard dans la saison, croisée à la guerre civile terrienne qui arrive inéluctablement. Cela devient une habitude mais ici encore le générique nous donne de précieuses informations sur le ton global de la saison (vous allez enfin me croire quand je vous dis qu’il s’agit des meilleurs génériques de séries TV car totalement inscrits dans la narration de l’histoire ?). Une musique dramatique, le constat d’échec, des images guerrières, dont celle d’un Starfury en détruisant un autre (en une courte séquence, toute la guerre est résumée), Point de non-retour sera la saison du chaos à un niveau épique bien sûr, mais aussi humain avec les personnages de Steven Franklin, confronté à sa dépendance aux amphétamines, Zack Allan tiraillé entre son appartenance à la Garde de nuit et son dévouement envers Garibaldi, et G’Kar métamorphosé par une révélation d’ordre spirituel. Même des personnages « secondaires » tels que Lennier et Vir Cotto (les Jiminy Criquet de Delen et Londo Mollari) acquièrent dans cette saison, de par leurs actes, une grande profondeur. Mettre d’abord en valeur les conflits humains afin de renforcer le caractère épique, le procédé n’est pas nouveau mais reste terriblement efficace et lorsque arrive l’arc pivot de la saison (voire de la série), Point de non-retour ; Fin des rêves et Renaissance, on ne peut qu’être totalement impliqué émotionnellement dans les évènements qui arrivent. Comme l’ont montré les travaux de Joseph Campbell (voir l’article de David Doukhan dans le HS MadMovies Peter Jackson que vous vous devez d’avoir sous peine de lapidation - ceci est un message à caractère commercial) quelques soient les époques et les formes que les mythes peuvent revêtir, il y a toujours une structure récurrente. Babylon 5 n’échappe pas à la règle et se permet même d’apporter sa variation. La promulgation de la loi martiale et la déclaration d’indépendance de la station (La fin des rêves, Hugo Award pour la deuxième année consécutive, chose unique) sont surtout l’occasion pour JMS de croiser ses intrigues et d’utiliser des situations réalistes (ôter de ses apparats, Babylon 5 raconte également l’histoire d’une résistance contre le fascisme gangrenant une démocratie) pour accentuer sa mythologie, à la manière d’un Peter Jackon qui accentuera le coté Humain des Deux tours, afin que les plus hermétiques puissent avoir un ancrage et s’immerger ainsi dans un monde de fantasy. Les différentes étapes que comporte le Monomythe (l’appel de l’aventure, le refus de l’appel, le mentor…) sont présentes tout au long de la série, et sur la quasi-totalité des personnages, mais sont profondément ancrées dans cet arc marquant ainsi la fin d’une époque (B5 station à but diplomatique construite pour éviter la guerre) et le début d’une nouvelle (B5 quartier général des armées de la lumière, symbole de paix conçu pour gagner la guerre). Dès lors, ce parcours achevé et la renaissance effectuée (symboliquement représentée par le changement d’uniformes), Babylon 5 est prête à entrer en guerre contre les Ombres. Craquage de slibard en prime, ce bouleversement survient lors d’une des plus belles batailles télévisées où une centaine de chasseurs et une dizaine de destroyers se livrent à un ballet sanglant autour de la station.

On pourrait croire maintenant que Babylon 5 a atteint son apogée, et bien détrompez-vous, le meilleur reste à venir. Résolution du mystère Babylon 4, implication des télépathes et grande bataille entre les forces de la lumière et les Ombres, élévation politique de Londo, guérison de Franklin, déclaration d’amour entre Sheridan et Delenn. Voilà ce que nous réserve la fin de Point de non-retour, la saison la plus noire de la série, la plus dramatique, celle qui faillit lui coûter une annulation mais la renaissance ne tarda pas.

« Nous touchions à la fin de l'année terrestre 2260, et la guerre s'était arrêtée, soudainement et contre toute attente. Tout autour de nous, l'univers entier semblait retenir son souffle. Toutes les vies peuvent être divisées en plusieurs parties : des moments de transitions et des moments de révélation. Aujourd'hui, nous avons l'impression de vivre les deux à la fois. G'Kwan a écrit : « Il existe des ténèbres plus grandes que celles que nous combattons. Ce sont les ténèbres qui emplissent les âmes qui se sont éloignées de leur voie. Le combat que nous menons n'est pas contre une armée ou des principes, il est contre le chaos et le désespoir ; car plus grande que la mort de la chair est la mort de l'espoir, la mort du rêve. Et devant ce péril, il ne nous est pas permis de courber l'échine ». L'avenir est tout autour de nous et les moments de transition attendent de devenir des moments de révélation. Personne ne connaît la forme que prendra cet avenir ni ne sait où il nous mènera ; en revanche, ce dont nous sommes certains, c'est qu'il naît toujours dans la douleur. »(G’Kar)

4ème saison : Ni reddition, ni retraite

Lennier : « C'était l'année du feu »
Zak : « l'année de la destruction »
G’Kar : « l’année où nous avons repris notre bien ! »
Lyta : « C’était l’année de la renaissance »
Vir : « l’année de la tristesse infinie »
Marcus : « l’année de la souffrance… »
Delenn : « …et une année de joie »
Londo : « C’était un âge nouveau »
Franklin : « C’était la fin de l’histoire »
Ivanova : « C’était l’année où tout a changé »
Garibaldi : « L’année 2261 »
Sheridan : « Le lieu : Babylon 5 »

Cinq jours ce sont écoulés depuis l’offensive des Ombres sur Babylon 5. Bien que la base de ces dernières sur Z’Ha’Dum soit détruite et leur flotte dispersée, Delenn et Ivanova ont cessé la lutte après la disparition de Garibaldi et la mort de Sheridan. Les membres de la Ligue des mondes non alignés commencent à se retirer de la guerre, préférant renforcer leurs frontières tant que les Ombres sont affaiblies. Sur Terre, le régime devient de plus en plus dur, et le président Clark commence sérieusement à s’inquiéter de Babylon 5. Les Vorlons sortent de leur mutisme et entrent en guerre en exterminant chaque planète touchée par les Ombres. Londo devient conseiller de l’empereur Carthagia, mais ce dernier se révèle être complètement fou, allant jusqu'à offrir asile aux Ombres dans l’espoir d’une déification. Tiraillé entre la peur et le désir de sauver son peuple de la destruction, Londo décide d’assassiner Carthagia avec l’aide de Vir et celle, inattendue, de G’Kar capturé et torturé par les Centauris, alors qu’il était parti à la recherche de Garibaldi. Ressuscité, Sheridan s’apprête à réunir la plus grande flotte jamais vue, afin de livrer l’ultime bataille contre les Ombres et les Vorlons.

L’année de la consécration. On refait le coup du générique ? Après trois monologues, la quatrième saison s’ouvre sur tous les personnages qui annoncent les moments forts de cette année. Tout un programme composé de grandes batailles, de mort et de souffrance pour certains, de joie pour d’autre, de grands changements, de guerres civiles, de stratégie géopolitique, de guerre de propagande, de jeu amoureux, d’un mystérieux complot et de génocides massifs. Intrigues et personnages à leur paroxysme, effets spéciaux de qualité et musique grandiose, si la troisième saison de Babylon 5 avait définitivement placé la série dans le haut de la SF, Ni reddition, ni retraite l'a élevé dans son panthéon. J’exagère ? Oui peut être, mais des séries dont les épisodes sont l’équivalent de la bataille de la Porte Noire du Retour du roi ne sont pas légion. Ainsi L’épreuve du feu signe la fin de la guerre des Ombres dans une gigantesque bataille mais dont l’issue dépend de deux êtres, et qui marque la fin d’un âge et le début d’un nouveau, bref un truc que personne n’a jamais vu quoi. La saison est aussi celle de la remise en cause des systèmes politiques et gouvernementaux. Qu’ils soient démocratiques, monarchiques ou fondés sur un système de castes, tous vont révéler leurs failles. Face à cela, Babylon 5 met en avant l’alliance des différences, la solidarité entre les peuples et les culture,s qui par leurs métissages pourront continuer à évoluer. Evolution, voilà un des thèmes et une des forces de la série. A la fin de la quatrième saison, on se rend compte de l’évolution des personnages par rapport au début de la série, mais le plus flagrant n’est pas tant ce changement mais bien la finesse avec laquelle JMS a fait grandir ses héros (beaucoup mériteraient une analyse poussée à travers la série) sans que cela nous saute aux yeux, sinon par le biais de certaines remarques savamment distillées. Evolution encore, mais dans un sens plus général. Avec le dernier épisode de la saison qui nous narre le futur de l’humanité sur 100, 1000, 10 000 ans après Babylon 5, l’intention de JMS est aussi de nous parler de l’histoire avec un grand H, où les évènements majeurs de B5 ne seraient qu’un instant. Cette distanciation par rapport à son histoire met en valeur définitivement le statut iconique et héroïque des personnages de B5 et de leurs aventures, et trouveront un écho dans l’épisode final de la série. The destruction of falling stars sert aussi de clôture à la série, JMS pensant que la quatrième saison serait la dernière, il a donc agit en conséquence, en sachant se préparer une porte de sortie en cas de 5ème saison. Cette saison se révèle donc être très dense, trop dense. Car même si on ne s’ennuie pas une seconde devant ces 22 épisodes, un déséquilibre de la narration se fait sentir dans la saison finale, jugée comme la plus faible, mais les apparences sont souvent trompeuses.

« Nous étions à la fin de l'année terrestre 2261 et l'aube d'un jour nouveau pointait pour nous tous. Un chapitre se terminait, un autre commençait. Les 20 années à venir amèneraient de grands changements, de grandes joies et de grandes peines : la guerre des télépathes, la guerre des Drakes. La nouvelle alliance serait au bord de l'abandon, de la faillite, mais finalement elle tiendrait bon, car certains édifices traversent le temps comme certains amours aussi le traversent, et Babylon 5 …Babylon 5 traverse le temps » (Delenn)

5ème saison : La spirale infernale

Kosh : « C’est ainsi que cela a commencé »
Assassin Minbari : « Il y a un trou dans votre raisonnement »
Morden : « Qu’est ce que vous voulez ? »
G’Kar : « Les gens d’ici ne se montrent pas sous leur vrai visage »
Sinclair : « Désormais plus rien n’est pareil »
Général Hague : « Le commandant Sinclair a été muté »
Londo : « Pourquoi vous n’éliminez pas tous les Narns pendant que vous y êtes »
Elric : « Je vois une main s’élever au mileu des étoiles »
Sebastian : « Qui êtes vous ? »
Journaliste d’ISN : « Le président Clark a signé aujourd’hui le décret proclamant la loi martiale »
Sheridan : « Ces ordres nous ont contraint à déclarer notre indépendance »
Bester : « Armes, munitions »
Sheridan : « Maintenant vous allez vous remuer les fesses et faire quelque chose »
Zathras : « Vous êtes celui qui a été »
Kosh : « Si vous allez sur Z’Ha’Dum, vous mourrez »
Lorien : « Pourquoi êtes vous ici ? Votre vie vaut-elle la peine d’être vécue ? »
Delenn : « Je pense à ma belle cité en flamme »
Sheridan : « Vous n’êtes pas à votre place, fichez le camp de notre galaxie »


L’an 2262 commence sous les meilleurs hospices. La fin de la guerre civile de l’alliance terrienne et celle de la guerre contre les ombres ont engendré la création d’une grande alliance entres les races de la galaxie. La paix semble enfin ne plus être un espoir. D’un point de vue plus personnel Sheridan et Delenn se sont mariés, Garibaldi a retrouvé son grand amour Lise Hampton, Londo va devenir empereur quand a Zack, Franklin, G’Kar, Vir et Lennier ils vont bien. Seule ombre au tableau la mort de Marcus Cole qui s’est sacrifié pour sauver Susan Ivanova. Cette dernière décidant alors de quitter la station.

Le premier épisode de la saison voit donc apparaître la remplaçante d’Ivanova, le capitaine Elizabeth Lochley. Ce remplacement représente la plus flagrante cause du manque d’intérêt de la 5ème saison mais sûrement pas la plus profonde. Malgré sa force de caractère, son passé, sa complexité et sa fragilité, la mal-aimée Lochley ne sera jamais vraiment acceptée car elle est considérée comme l’intruse, la remplaçante d’Ivanova. Personnage extrêmement fascinant, une des rares femmes non-potiches de son époque. Pourtant la véritable cause du manque de popularité de la 5ème saison est à chercher ailleurs. Straczynski ne l’a jamais caché, un des buts de Babylon 5 était de créer la première saga littéraire télévisuelle et comme tous romans B5 a donc un début (1ère saison) un milieu (2ème,3ème,4ème saisons) et une fin (5ème saison). Ainsi les meilleurs moments se trouvent dans les saisons 2, 3 et 4 pourtant de l’avis général la 5ème saison est la plus faible. Etonnant pour une série dont le scénario est planifié dans ses moindres détails. Alors erreur de fin de parcours ou intention délibérée de la part d’un manipulateur de l’image et du mot dont la marotte est de nous montrer la fin de son histoire au début de celle-ci mais dont la véritable signification n’apparaît qu’à la conclusion de l’histoire. Le générique est révélateur des intentions de JMS, à la place d’un monologue d’un des personnages de la saga, on assiste aux événements majeurs des quatre années précédentes (La question de Morden, le génocide des Narns, la déclaration d’indépendance, la fin de la guerre) comme si on voulait se rappeler une dernière fois ces moments avant de refermer le livre. C’est cette ultime au revoir qui court tout au long des 22 épisodes, et qui donne à cette saison un cachet moindre par rapport aux précédentes. Mais malgré le fait que les grandes sagas de B5 soient terminées et que, apparemment, tout a été dit, la 5ème saison nous propose des épisodes excellents. Les personnages sont rodés et le lieu connu de tous, il n’y a plus qu’à se laisser porter par l’histoire. A ce titre Point de vue personnel est un petit bijou où comment faire un épisode-clips (épisodes composés majoritairement de rediffusions) sans que cela en soit un : drôle, tragique, explicatif et ouvert sur le futur. Ainsi s’enchaînent les épisodes : le nostalgique Jour des morts, l’inquiétant Le corps est le père, le corps est la mère et le sublime La longue nuit de Londo Mollari.


Pourtant malgré la grande qualité de ces épisodes, Straczynski n’oublie pas que 2 points restent à éclaircir. La révolte des télépathes et la chute de Centauri 1er. Ces deux arcs sont au cœur de la 5ème saison, voire de la série. La révolte des télépathes, menée par Byron le martyr charismatique, met en lumière un problème trop longtemps mis de coté, celui de l’avenir d’une minorité considérée comme outils voulant vivre libre sur leur planète, par opposition à la domination prônée par le corps psy. Première mise à l’épreuve pour la toute jeune alliance en tant qu’organisme démocratique mais surtout en tant qu’éducateur des jeunes races. Destin tragique pour Byron et les siens qui va transformer une simple révolte en une véritable guerre. Cet arc nous permet de voir évoluer le personnage de Lyta Alexander, la belle rousse exploitée par Bester, Kosh, Sheridan, Delenn, Zack, Garibaldi bref tout le monde se rebiffe et devient le porte-parole de son peuple. Enfin Straczynski pose la question du droit d’une race à son indépendance alors que celle-ci représente une menace potentielle pour toutes les autres, on n'est pas loin ici des X-Men de Chris Claremont, le monde du comics commence déjà a titiller JMS. La chute de Centauri 1er quant à elle représente le dénouement de la guerre des Ombres. Directement lié au téléfilm-préquel Au commencement ainsi qu’à l’épisode clé de voûte La guerre sans fin, on y retrouve avec délice les grands moments de la série : les stratagèmes géopolitiques, l’équilibre précaire d’une paix et la manipulation d’une force secrète. La 5ème saison se conclue donc peu après cet arc aux nombreuses répercussions pour des personnages qui pendant 5 ans ont vécu ensemble et qui vont désormais choisir des chemins différents. Avec l’épisode final De l’aube au crépuscule, Straczynski conclue sa saga en donnant définitivement un aspect légendaire à ses personnages et leurs aventures sur la station spatiale. Apres 110 épisodes, la saga de Babylon 5 s’achève dans un épisode magistral véritable modèle pour les nombreuses séries qui finissent aussi mal qu’elles avaient bien commencé (pas de noms, elles se reconnaîtront les garces) pour autant tout n’est pas terminé.

FIN






P.S
Diffusée sur Canal +, la série n’a plus fait l’objet de diffusions en dehors du câble , et France 2 jugeant qu’une série de SF intelligente risquait de choquer ses téléspectateurs préfère la garder dans ses cartons. Jetez-vous donc sur les dvd pour découvrir l’une des plus grandes séries tv tous genres confondus, l’une des plus grandes œuvres de SF et l’une des précurseurs dans le retour des séries TV de qualité. Oui tout cela à la fois ma bonne dame.

merci titi tu peux passer sur le forum de plus belle la vie aussi c pas interdit